A House of Dynamite

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Le grand retour de Kathryn Bigelow, huit ans après l'échec immérité de Detroit, est une production de prestige Netflix qui a été un peu généreusement hissée en compétition à la Mostra de Venise. On y perçoit en effet clairement les limites en tant qu'auteure de celle qui fut en 2010 la première réalisatrice oscarisée, pour Démineurs. Ce qui se présente comme un thriller ultime alertant sur la précarité de l'équilibre nucléaire mondial reste toutefois d'excellente facture. L'idée en est simple: lorsqu'un missile surgi de nulle part dans le Pacifique et se dirigeant vers le nord des États-Unis est repéré par les radars américains, comment réagissent les autorités? La principale originalité dans la conduite du récit est de répéter trois fois le même laps de temps selon des points de vue différents, de la base en Alaska qui repère et tente d'intercepter l'engin au président (Idris Elba, pas Donald Trump), à qui revient le choix de la riposte, en passant par tous les responsables qui suivent la crise aux premières loges, tentant d'identifier d'où vient l'attaque et quelle en est la cible. Soixante ans après Dr. Folamour de Stanley Kubrick et Point limite de Sidney Lumet, fameux doublé de 1964 qui marqua le paroxysme de la peur atomique au lendemain de la crise des missiles de Cuba, fallait-il vraiment réveiller cette menace passée au second plan? À voir ce film terriblement sérieux, un peu trop mécanique et pas forcément très crédible, on peut en douter. Pour couronner sa carrière, après avoir beaucoup tourné autour, Kathryn Bigelow se sera surtout offert le «film présidentiel» qui manquait encore à son palmarès – et tant pis si la cinéaste jadis inspirée de Point Break et Strange Days a fait place à une simple spécialiste confirmée du grand spectacle hollywoodien.