La pie voleuse

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On peut décidément compter sur Robert Guédigian pour tenir son cap d'un cinéma à la fois populaire et réfléchi. Avec La pie voleuse, son 24e opus, le cinéaste marseillais retourne dans son cher quartier de l'Estaque pour une comédie dramatique ensoleillée. Loin de l'opéra éponyme de Rossini, il a imaginé l'histoire de Maria, une auxiliaire de vie plus toute jeune dont la condition est elle-même précaire, veillant sur un mari chômeur qui s'endette au jeu. D'où l'habitude qu'elle a pris de soutirer discrètement quelques euros à ses clients âgés. Lorsque son petit-fils, pianiste doué, souhaite tenter le concours du conservatoire, elle fait un pas de plus en établissant de faux chèques pour la location du piano. Mais cette fois, le fils de l'homme lésé, un agent immobilier, s'en aperçoit. S'ensuit un conte philosophique et moral d'une belle complexité sur ceux qui en ont (de l'argent, de l'amour, de la compréhension) et ceux qui n'en ont pas (ou du moins pas assez). C'est à tous les niveaux de son récit que l'auteur introduit des nuances. Certes, Maria vole. Mais ne se paie-t-elle pas ainsi ses heures supplémentaires et un minimum de plaisirs bien mérités? Et lorsqu'elle passe à la vitesse supérieure, n'est-ce pas pour une bonne cause? On peut parier que la jeunesse, prompte à juger ses aînés, mais aussi la loi ne le verront pas ainsi. Mais les enfants ne tendent-ils pas à répéter les erreurs de leurs parents? Fidèle à ses acteur·ices de toujours, désormais en interaction avec une nouvelle génération, Guédiguian a réussi là un nouveau film qui conjugue émotion et intelligence. Et Ariane Ascaride, chargée d'interpréter cette héroïne souriante en lutte contre un désespoir sous-jacent, y brille tout particulièrement.